Il y a des maillots qui marquent leur époque. Ils sont souvent associés à de grands champions, mais également à un collectif qui a su imprimer sa marque au cours des années. Ces maillots, qui ont connu leur heure de gloire sur les épaules des gamins, on les retrouve encore parfois avec un plaisir nostalgique, le dimanche, sur celles de vieux cyclos.

Voici mon Top 10 des maillots cultes (évidemment, il n'engage que moi, et vous êtes invités à laisser votre propre classement dans les commentaires).

peugeot.jpg 1 - Peugeot : Une des plus anciennes équipes du peloton (la firme de Sochaux a remporté son premier Tour en 1905). En 1963, le célèbrissime maillot à damier fait son apparition. L'équipe Peugeot était alors l'une des plus redoutable du peloton, accueillant des champions comme Tom Simpson, Roger Pingeon (Tour de France 1967), et le tout jeune Eddy Merckx (Champion du Monde 1967). Dans les années 70, la relève est assurée par Walter Godefroot, chasseur de classiques, et Bernard Thévenet, vainqueur du Tour de France (1975 et 1977). Dans les années 80, le damier sera porté par Phil Anderson, Gilbert Duclos-Lassalle ou Stephen Roche.

Le maillot : On raconte que le damier a été pensé pour mieux "passer à la télé", puisqu'à l'époque, en France, la télévision n'était pas encore en couleur. Il était également très facile à reproduire sur les casquettes mais également sur le cadre des vélos. Ce n'est qu'en 1987 que le damier disparait, remplacé par le très coloré Z d'une marque de vêtements pour enfants.

renault.jpg 2 - Renault-Gitane : Lorsque la régie Renault rachète les cycles Gitane, en 1978, il y a clairement la volonté de concurrencer Peugeot sur tous les tableaux. Le cyclisme est alors un sport extrêmement populaire en France, et Renault veut frapper fort. Elle y arrivera grace à un jeune coureur, Bernard Hinault et à un directeur sportif alors novateur, Cyrille Guimard. Au cours des années 80, l'équipe Renault deviendra une véritable machine à gagner, remportant six Tours de France en sept années d'existence et comptant dans ses rangs des champions comme Laurent Fignon, Greg Lemond, Charly Mottet et les frères Madiots.

Le maillot : Jaune et noir, il était inspiré du logo Renault. En juillet 1979, dans un article du journal L'Équipe, Antoine Blondin le compara à "l’abdomen d’une abeille". Plus tard, lorsque l'équipe assurera un régne "sans pitié" sur le peloton, on parlera même volontiers de guêpe.

lavieclaire.jpg 3 - La Vie Claire : Fin 1983, coup de tonnerre dans le peloton : Bernard Hinault claque la porte de l'équipe Renault-Gitane et monte, avec Bernard Tapie une nouvelle équipe. 1984, la première saison de l'équipe La Vie Claire, sera décevante. Il faudra toute la hargne d'Hinault et les millions de Tapie pour renverser la vapeur. En 1985, l'équipe reçoit le renfort de Greg Lemond, qui aide Hinault à remporter son 5e Tour de France. L'année suivante, équipe dicte à nouveau sa loi et le duo Lemond-Hinault assure le show.

Le maillot : On raconte que Tapie et Hinault auraient sollicités les services d'un styliste de chez Benetton. Ce dernier a dessiné le maillot La Vie Claire en s'inspirant d'une célèbre toile de l'artiste Piet Mondrian, pionniers de l’abstraction.
En 1985 et 1986, La Vie Claire recrute de nombreux champions venus du "nouveau monde" (G.Lemond mais aussi Andy Hampsten et Steve Bauer). La popularité naissante du cyclisme outre-atlantique va rendre ce maillot culte, bien au-delà de l'Europe.
Preuve de son succès, le maillot La Vie Claire a été le premier maillot à être victime de contrefaçon à grande échelle. Aujourd'hui, un authentique maillot La Vie Claire se monnaie relativement bien sur les sites Internet de ventes aux enchères, ou sur le très branché marché au puces de Camden à Londres.

bianchi.jpg 4 - Bianchi : Quelle belle couleur que ce "Celeste", également surnommé "vert Bianchi". Le même turquoise que les vélos mythiques des grands champions italiens : Coppi, Gimondi ou plus récemment Argentin, Bugno, Pantani et Cipollini. Une beauté saluée par tous les amoureux du vélo et même par le grand Salvador Dali.

Le maillot : Bianchi est la plus ancienne marque de cycles encore en activité. Les maillots Bianchi ont donc été nombreux, mais mon préféré est évidemment celui de Coppi. Plus récemment, le maillot Celeste a été porté par Jan Ullrich en 2003, lors de son plus beau Tour de France, comme s'il avait souhaité être à la hauteur de la légende. Et même si le turquoise "Celeste" a viré du bleu au vert, la classe de ce maillot est restée intacte.

tiraleigh.JPG 5 - Ti Raleigh : Née en 1974, sous la direction de Peter Post, l'équipe néerlandaise Ti-Raleigh est resté célèbre pour sa force collective (ce qui lui vaudra de nombreux surnoms guerriers). L'équipe brillait également sur les courses d'un jour et les arrivées au sprint grâce à Jan Raas, Hennie Kuiper et Gerrie Knetemann. Il lui manquait cependant un véritable leader pour les courses par étapes. En 1980, Raleigh embauche alors Joop Zoetemelk et remporte ainsi le Tour de France. Sur ce même Tour, Ti-Raleigh remporte la bagatelle de 12 étapes dont 2 contre-la-montre par équipes. Quelques années plus tard, Ti Raleigh deviendra Panasonic.

Le maillot : Rouge, noir et jaune. Il ressemble à une ode au drapeau belge, pourtant l'équipe est néerlandaise et le sponsors est britannique.

bic.jpg 6 - Bic : C'est vrai qu'il était beau Jacques Anquetil, vêtu de son maillot Saint-Raphael. Pourtant, de tous ceux portés par Maitre Jacques, si je ne devais en retenir qu'un seul, ce serait le maillot de l'équipe Bic. Ce n'est pas sous ces couleurs qu'Anquetil a remporté ses plus belles victoires. Mais c'est son dernier maillot, celui dont on se souvient. Et c'est aussi celui de Luis Ocaña, s'opposant avec panache à la domination de Merckx.
Le maillot : Délicieusement rétro, l'Orange de ce maillot a le pouvoir de nous transporter dans le temps, vers une époque ou l'on apprenait à écrire avec des stylos couleurs "Anquetil".



molteni.jpg 7 - Molteni : Née en 1958, l'équipe Molteni compte 663 victoires, surtout grâce à un certain Eddy Merckx. De tous les maillots portés par le cannibale, c'est sans doute le plus célèbre (même si personnellement, j'ai un petit faible pour le maillot Fiat de 1977)

Le maillot : De couleur Havane, il était assortis avec les premiers vélos de la marque "Eddy Merckx". Il est régulièrement ré-édité pour nostalgiques de l'époque Merckx et existe même en "tapis de souris".





kas.jpg 8 - KAS : Quand on prononce le nom de Sean Kelly, c'est le maillot Jaune et Bleu de l'équipe KAS qui me vient immédiatement à l'esprit. L'aventure n'a pourtant duré que 3 saisons, pendant lesquelles le Roi Kelly a, comme chaque année (ou presque) remportée Paris-Nice. Mais c'est surtout sous les couleurs Kas que Kelly le sprinteur, le chasseur de classiques, a montré en Espagne qu'il pouvait aussi gagner un grand Tour.

Le maillot : Jaune et Bleu, KAS écrit en grand. Non, c'est n'est pas le t-shirt de Brice de Nice, mais bien le maillot d'une des plus prestigieuses équipes du cyclisme espagnol. Véritable armada de grimpeurs, comprenant dans ses rangs Bahamontes et Fuente. Une décennie plus tard, KAS connaissait une seconde jeunesse avec Sean Kelly.

mercier.jpg 9 - Mercier : Avec 50 ans de présence dans le peloton, les maillots siglés Mercier ont été nombreux. Un seul sort du lot : celui que portait Raymond Poulidor de 1960 à 1967. La longévité et la popularité de Poupou expliquent le succès de ce maillot. C'est également ce maillot que portait Poulidor lors de son célèbre duel avec Anquetil, au Puy de Dôme.

Le maillot : A l'origine Bleu et Jaune, devenu Violet et Jaune, c'est le premier maillot ré-édité par Gianni Marcarini. Cet ancien coéquipier de Poulidor avait décider de rééditer le maillot d'époque, pour ses anciens équipiers. Le succès a été tel qu'il a décidé de ré-éditer de nombreux autres maillots devenus mythiques. Il est aujourd'hui l'adresse de référence pour les amoureux des maillots d'antan.

magicreme.jpg 10 - Magicrème c'est l'équipe de Ghislain Lambert (alias Benoît Poellevorde) dans Le Vélo de Ghislain Lambert, un film devenu culte pour les amateurs de cyclisme.
Le film est très bien documenté et on y retrouve l'ambiance et l'esthétique de l'époque. Le maillot Magicrème est une réussite, même s'il est presque trop beau pour être vrai. Dans le même film, le maillot Epedex est certainement plus crédible, mais il n'a pas le même charme.





Ce classement est évidemment très incomplet. Il mériterait quelques ajouts, comme par exemple : le maillot jaune de la Once de Jalabert (qui devenait rose en Juillet), le maillot Panasonic de Phil Anderson, le maillot Brooklyn de Roger de Vlaminck, le maillot Carrera de Roche et Abdou, le rouge et blanc de Flandria, le bleu et blanc de Gan-Mercier, le Banesto d'Indurain et Delagdo en 1990...

Enfin, je suis curieux de savoir quels maillots actuels deviendront "culte", ceux que l'on retrouvera encore dans 20 ans sur les routes... Une idée ?

Ce billet est une réédition d'une précédent note, publiée en novembre 2009