Robic Les premiers coureurs casqués ont d'abord été les pistards, avec les casques à boudins qui semblaient avoir été bricolés avec de vieux boyaux.

Mais il faudra attendre après-guerre pour voir un routier en porter un semblable.

En 1946, le célèbre casse-cou Jean Robic (vainqueur du Tour de France 1947 mais également premier champion du monde de cyclo-cross) est victime d'une sévère chute dans Paris-Roubaix. Il décide alors de ne plus quitter son emblématique caque à boudins qui lui vaudra le surnom de "tête de cuir".


Liege-Bastogne-Liege Des années 40 jusqu'au début des années 90, rien ne change. Le casque à boudin, toujours très utilisé sur piste, n'est porté sur route que lorsque les conditions de course l'imposent (cyclo-cross, Paris-Roubaix, ou simplement lorsque la pluie se met à tomber).
Pourtant, aux Etats-Unis, dés les années 70 apparaissent des casques d'un nouveau genre, inspiré des casques de moto.
Ainsi, en 1975, Bell distribue le premier casque en polystyrène expansé.[1]

Moscou 1980 Puis en 1983, le V1 Pro, premier modèle à destination des coureurs amateurs et professionnels. Très vite, les cyclistes américains abandonnent les boudins pour adopter un Bell ou un Giro.

Dans le même temps, en Europe, il n'y a a guère qu'aux Jeux Olympique qu'on croise des cyclistes casqués.

moser_1988_3252693285_14c8020a29_o.jpg En 1984, Francesco Moser s'entoure de scientifique afin de battre le record de l'heure. Ensemble, ils mettent au point un arsenal technologique (vélos profilés, roues lenticulaires, combinaison intégrale, etc). Pour son premier record, à Mexico en 1984, Moser n'est pourtant coiffé que d'un simple bonnet moulant. Quelques années plus tard, il portera un casque "profilé".

Avec l'arrivée en Europe des coureurs américains, on voit apparaitre dans le peloton des lunettes et des casques d'un nouveau genre, donnant parfois aux cyclistes des airs de héros de science-fiction, ou de militaires fluos !

Comme Moser, le monde du cyclisme se prend de folie pour le Cx (coefficient de pénétration dans l'air) et le casque fait son apparition dans les épreuves contres-la-montre. Il n'est alors pas question de protéger le cycliste, mais simplement de lui faire gagner de précieuses secondes (Greg Lemond remporte le Tour de France 1989 pour 8 petites secondes, équipé d'un casque Giro).

Steve Bauer Progressivement, la technologie permet la construction de casques plus confortables, mieux ajustés et pas uniquement réservés aux contre-la-montre. Au début des années 90, le casque Giro (recouvert d'un tissu en lycra) fait son apparition dans le peloton professionnel. D'autres fabriquant, comme Specialized, l'imitent et se lancent sur ce nouveau marché.

Début 1991, l'UCI souhaite donc en imposer le port aux professionnels. Pourtant, dans les ascensions, les cyclistes ont gardé l'habitude de les ôter. Sur Paris-Nice, Francis Moreau est mis hors-course pour avoir enlevé le sien. En guise de protestation, le peloton roule cheveux au vent, forçant l'UCI à faire machine arrière.

Mais dans certains pays, l'obligation de porter un casque reste en vigueur. En juillet 1995, Jacky Durand est pénalisé pour avoir ôté le sien lors de l'étape du Tour Charleroi-Liège.

Rendu obligatoire chez les cadets, le casque devient une habitude lorsque ceux-ci passent professionnels. Quelques irréductibles anciens conservent cependant leurs casques à boudins, qui disparaitront en 2002 avec la retraite d'Andreï Tchmil.

Indurain Le décès en course de Fabio Casarteli en 1995, puis celui d'Andrei Kivilev en 2003 relancent le débat sur le port du casque[2]. Finalement, le 5 mai 2003, l'UCI rend obligatoire le port du casque. Sur le Tour de France 2003 le port du casque est donc obligatoire, à l’exception de l’ascension finale. En 2005, il devient obligatoire pendant toute la course.

Par la suite, l'innovation continue, rendant les casques plus légers, plus esthétiques et plus sûrs (afin de préserver le cerveau, ils se déforment en cas de choc). Mais les fabricants jouent également sur les gadgets : on intègre la visière des lunettes, ou bien l'oreillette.


Sponsoring oblige, les casques sont généralement décorés aux couleurs de l'équipe. Mais pour les grandes occasions, les équipementiers aiment assortir le casque aux couleurs d'un maillot distinctif : jaune, à pois, arc-en-ciel, tricolore... et accentuent aussi la personnalisation, façon pilote de F1 : on se souvient du lion dessiné sur le casque de Cipollini, du grillon de Paolo Bettini ou Hulk sur celui de Peter Sagan. En 2006, Laser offre à Boonen et Bettini un casque orné d'or et d'un diamant, estimée à 7000 euros.

L'analogie avec les sports mécaniques va encore un peu plus loin avec l'arrivée plus récente d'un "sponsor casque". Il s'agit principalement de Red Bull dont les têtes d'affiches les plus connues sont Tom Pidcock et Wout van Aert.


En 2011, l'innovation vient des casques "aéro" portés, non pas sur les étapes chronométrées, mais sur des étapes en ligne. C'est toujours le cas aujourd'hui : pour gagner en aérodynamisme, les sprinteurs utilisent désormais des casques profilés, qui ressemblent parfois à ceux des chronos.

En 2022, au départ du Tour de France à Copenhague, Specialized lance le casque-cagoule, dont le style "particulier" fait hurler les fans et bénéficie d'une dérogation de l'UCI[3].


Cette nouveauté n'est qu'une pépite parmi d'autres dans cette guerre des casques, qui voit également l'arrivée de modèles plus larges, plus couvrant, qui vont parfois plus loin dans le dos et sur les épaules, comme le POC Tempor (équipe EF) ou le très remarqué Sweet Protection Redeemer 2vi de l'équipe Uno-X.


Dans le même style, lors du chrono de Tirreno-Adriatico 2024, l'équipe Visma arbore un casque Giro dont le design repousse les limites de l'étrange et donne aux coureurs un look à la Star Wars (ou à la "Spaceballs" pour ceux qui ont la ref').

Et vous, votre casque, il est comment ? N'hésitez pas à aller visiter le site Jeporte1casque.com.

Article initialement publié en 2009 et mis à jour en 2024

Notes

[1] Bell Helmets

[2] Mort de Kivilev: casque obligatoire? On en reparle

[3] Il contrevient à l’interdiction « d’ajouter un habillage amovible au casque » (article 1.3.031 du règlement technique de l’UCI)