Le blog de l'Ardoisier

Le Tour de France 2010 est terminé. C'est l'heure des bilans :

Les sprinteurs

• Cavendish : En début de Tour, la grande question concernait l'état du "mental" de Cavendish. Les premiers sprints ont été difficiles pour lui. Zabel, son mentor, expliquait alors que Cav' avait beaucoup à apprendre de ses défaites, et qu'il sortirait renforcé de cette épreuve. On l'a vu par la suite. Non seulement Cavendish a retrouvé sa pointe de vitesse et son mental, mais il est à nouveau capable de l'emporter seul, sans son train.
• Petacchi : Personne en début de Tour n'aurai cru le "vieux"^[1] Petacchi capable d'emporter le maillot vert. On peut parler de retour pour ce sprinteur régulier dont la carrière avait cependant été ralentie par une affaire de dopage. Il sort donc de ce Tour avec 2 victoire d'étapes et le maillot vert sur le dos, mais également une nouvelle histoire de dopage qui l'attend en Italie.
• Les autres : Hushovd a remporté une étape, mais sur les pavés. Il a surtout échoué dans sa tentative de conquête du maillot vert. Pour lui comme pour Mc Ewen, l'heure est venue de tourner la page du sprint. Du coté des "jeunes prometteurs", comme Farrar ou Boasson Hagen, ils vont devoir trouver la faille pour battre Cavendish. Bon courage !

Les grimpeurs

• C'est une déception, mais ce Tour n'aura pas été l'occasion de découvrir de nouveaux "grands" grimpeurs. A noter tout de même l'honorable comportement du jeune Rafael Valls. A surveiller...
• Charteau : il n'est sans doute pas le meilleur grimpeur de ce Tour. Mais cela fait quelques années que le maillot à pois ne distingue plus un pur grimpeur (cf. les années Jalabert) mais plutôt un baroudeur audacieux. Tout le monde pense que le barème devrait être revu, mais personne n'a la solution... Pourquoi pas un classement "au temps" plutôt que par points ?

Les leaders

• Contador : Si l'on a vu Contador moins fort cette année, c'est peut-être parce qu'il a trop donné en début de saison. Mais sa présence sur les classiques de printemps était importante : elle lui a apporté de la confiance et permis finalement de ne pas perdre trop de temps à Arenberg. L'an dernier, Armstrong disait de Contador qu'il avait beaucoup à apprendre. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. L'Espagnol nous a montré qu'il était capable de courir intelligemment et qu'il savait s'imposer aux yeux de ses équipiers, y compris auprès du bouillonnant Vinokourov.
• Schleck : Il nous disait avoir un plan. Mais on retiendra qu'il n'a pas su saisir toutes les occasions qui se présentaient à lui. Il a trop attendu avant d'attaquer Contador, pensant pouvoir le battre dans les dernières ascensions pyrénéennes. Il a également combiné maladresses et malchances : un très mauvais prologue, une étape catastrophique à Spa (heureusement que Cancellara a neutralisé la course) et son saut de chaine sur la 15e étape. Du coté des bonnes nouvelles, on notera ses progrès en contre-la-montre, qu'il travaille avec Bobby Julich. Enfin, il est annoncé sur la Vuelta. Il aura l'occasion de faire la course pour la gagne, et d'apprendre à vivre dans la peau d'un leader. C'est exactement ce qu'il lui faut pour progresser.
• Les autres : Avant le Tour, parlait beaucoup du manque de préparation d'Andy Schleck, ou des faiblesses de Contador et Menchov (battus dans le Dauphiné). Et l'on disait beaucoup de bien d'Evans, Kreuziger ou Basso, auteurs d'un excellent Giro. Mais il est toujours aussi difficile d'enchainer 2 grands Tours. Ceux qui sont arrivés "frais" à Rotterdam ne regrettent sans doute pas leur choix. A noter enfin les bonnes performances de Jurgen Van den Broeck et Robert Gesink, qui confirment leurs prédisposition pour les courses par étapes.
• La fin d'une époque pour Armstrong, Vinokourov, Klöden, Leipheimer, Moreau, Sastre... Certains ont de beau reste, mais ils n'ont plus les capacités de jouer les premiers rôles. Le grand duel Contador-Armstrong que certains attendaient n'a pas eu lieu, mais on s'y attendait un peu.

Le spectacle

• Le "faire-play" aura joué les troubles fête sur ce Tour. D'abord avec l'étape de Spa neutralisée par les Saxo Bank. Ensuite avec le saut de chaine de Schleck. Enfin la tentative de neutralisation de la course après la chute de Samuel Sánchez dans la 17ème étape. Heureusement, Sastre s'est souvenu avoir vécu un Giro 2010 sur lequel tous les coups étaient permis.
• Si l'on compare le Giro au Tour, on remarque qu'en Italie les chutes ont fait et défait les classements. Les éprouvantes conditions de course ont ensuite usé les coureurs et fini par provoquer des défaillances. A l'arrivée, les observateurs avaient trouvé ce Giro passionnant. Au contraire, sur le Tour de France, le faire-play a bien failli aseptiser la course. Personne n'a osé le dire, mais l'incident de chaine de Schleck était un bel élément pour la dramaturgie du Tour. Ce sera sans doute l'une des images que l'on retiendra de cette édition.

Le tracé, les étapes

• Il y a quelques petites déceptions : le vent n'a pas joué les trouble-fête au Pays-Bas (pas de bordure). La descente sur Spa était trop glissante. Et les Pyrénées n'ont pas été l'occasion d'une grosse bagarre.
• Mais il y a de belles trouvailles : pas de contre-la-montre les premières semaines, ce qui a permis de conserver du suspens jusqu'à la fin. Les pavés d'Arenberg tant attendus ont effectivement offert du spectacle. Enfin, alors qu'on pensait devoir attendre la haute-montagne, la montée Jalabert aura été le lieu surprise d'une belle passe d'arme.

La sélection

Beaucoup critiquée, la sélection d'ASO s'est finalement révélée pertinente.

• Les équipes invitées (BMC, Cervélo, Radioshack, Sky, Kathusha, Garmin) ont à peu près tenu leur rang (déception quand même pour Sky).
• On craignait la débandade pour Footon-Servetto, et ça a été le cas. Rafael Valls aura pourtant tout fait pour sauver son équipe.
• Au contraire, pour la Lampre et Omega-Pharma (relire l'analyse de Jacky Durand d'avant Tour), cette édition 2010 aura été excellente.

Les hotesses et les podiums

Ca n'engage que moi, mais j'ai été un peu déçu par les podiums de cette édition 2010 (les plus belles photos sont ici). Et vous ?