Pourquoi une étape à l'Alpe d'Huez ?

Le Tour a 39 ans d'existence quand pour la première fois en 1952, le parcours se lance un nouveau défi : les 21 virages de l'Alpe. Cette étape Lausanne-Alpe d'Huez, longue de 266km, inaugura la première arrivée sur les sommets. Redoutée des coureurs, elle entrait dans le classement des étapes BIC les plus difficiles. La volonté des organisateurs, dans le choix du parcours avait été de créer une épreuve très sélective, pouvant donner lieu à une compétition mémorable entre les plus grands. Malgré une arrivée victorieuse de Fausto COPPI, qui fut le seul à réussir le triplé gagnant : vaincre l'Alpe, endosser le maillot jaune et remporter le Tour la même année, cette ascension ne connaîtra pas tout de suite l'engouement d'aujourd'hui.

Autre fait non négligeable qui distingue cette édition, " le Tour 1952 marque l'arrivée de la télévision dans le peloton avec un caméraman assis sur une moto. Les films partaient le soir pour être développés à Paris où Georges de Caunes commentait les images ". " Un progrès énorme depuis juillet 1948 où pour la première fois fut installé au Parc des Princes, pour l'arrivée du Tour, le premier car de reportage avec un ballon captif afin de transmettre les images de trois caméras vers la Tour Eiffel, ... "

Georges Rajon, doyen de l'Alpe d'Huez, dont les parents furent parmi les pionniers de l'Alpe, joua un rôle important dans la venue du Tour et dans le renom de l'étape. Passionné de sport en général et de vélo en particulier, il n'eut de cesse de développer les attraits multiples du site. Alors qu'il gravissait les 53 virages numérotés du col de Vrsic en Yougoslavie, l'idée lui vint d'égrener ainsi les courbes menant de Bourg d'Oisans à l'Alpe d'Huez, dans un ordre décroissant contrairement au col yougoslave.

21 virages, 21 panneaux qui rythment l'investissement du coureur dans un compte à rebours long de 14 kms et le renseigne à chaque virage sur la durée de l'effort restant à fournir.

1966, cette année le Tour de France ne montait pas à l’Alpe, et s’arrêtait à Bourg d’Oisans mais les coureurs tels que Aymar et Anquetil étaient logés à l’hôtel Le Christina de Monsieur Georges Rajon, figure emblèmatique de l’Alpe d’Huez, passionné de sport en général, et qui fit venir en 1952 le Tour de France à l’Alpe d’Huez, c’était le début d’une grande aventure. Ici avec Jacques Anquetil.

L'histoire du Tour à l'Alpe retrouve Georges Rajon acteur dans l'élaboration du tracé de l'été 1976, 24 ans après la première édition de 1952. Félix Lévitan, co-directeur du Tour à cette époque, recherchait une ville étape pour remplacer celle de Grenoble, et grâce à un ami commun, le jounaliste Roger Louis Lachat du Dauphiné Libéré, passionné de cyclisme, les deux hommes prennent contact.

Photo : Collection privée de Mr Georges Rajon,
Office du Tourisme de l'Alpe d'Huez
" Ce soir d'octobre 1975, Georges Rajon décroche son téléphone et reconnaît tout de suite son ami Roger-Louis Lachat, journaliste au Dauphiné Libéré, passionné de cyclisme.
- Allô, Georges, devine avec qui je dîne ce soir ?, Félix Lévitan, co-directeur du Tour.
Celui-ci cherchait une ville étape pour remplacer celle de Grenoble, initialement prévue. Sans hésiter, Lachat, enfant du pays, avec plus de 25 Tours au compteur, avait proposé l'Alpe d'Huez, et décidait d'appeler Georges Rajon, l'un des artisans de la venue du Tour à l'Alpe en 1952. Georges posa la seule question qui l'empêchait de dire oui : combien cela va-t-il nous coûter ? Environ 100.000 francs, soit 10 millions de centimes répondit Lévitan. Malgré l'incertitude de pouvoir réunir rapidement cette somme, une occasion comme celle-là ne devait pas échapper à la station. Et d'une voix sûre il répondit en bluffant : Ok, on fonce. "
Extrait du "Grand Roman de l'Alpe d'Huez" de Jean-Paul Vespini.

De cette époque, les rendez-vous du Tour se fidélisent à l'Alpe d'Huez, les hauts faits qui concourront à propulser cette étape au sommet des montées incontournables de cette course mythique se multiplient, grâce à des personnalités comme Coppi, Thévenet, Hinault, Fignon, Lemon, Zoetemelk, .......Pantani.

Toute la ferveur populaire se concentre en un même point : l'Alpe d'Huez. Plus de 300.000 passionnés de tous horizons se pressent pour ce rendez-vous, arrivant parfois une semaine à l'avance pour s'installer aux places stratégiques, tout au long de la montée, pour laisser cours à leur enthousiasme.

Sources :
- Le Tour
- L'Alpe d'Huez


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