Tour de France 1952

10ème étape : Lausanne - L'Alpe d'Huez (266 km)

C'est en 1952 que commence la grande aventure de l'Alpe d'Huez, et c'est Coppi lui-même qui aura vécu au sommet des célèbres lacets sa grande résurrection.

Affecté par la mort en course de son frère Serse, le Campionissimo n'avait été, malgré un baroud d'honneur à Briançon, que l'ombre de lui-même sur le Tour 1951 qu'il a terminé à la dixième position.

A cause de son arrivée en altitude inédite, Fausto a besoin de cette dixième étape de ce Tour 1952, comme d'un tremplin vers sa réhabilitation. Pourtant, dans cette édition, il s'est déjà montré à Namur et Nancy et ses équipiers, Magni et Carréa, lui ont déjà "cassé" le maillot jaune à Mulhouse et Lausanne. Cependant, ce nouveau maillot jaune des retrouvailles avec le Tour qu'il chérit, il ne peut l'endosser en plaine et veut le cueillir dans un lieu fort, pur, propice à la légende. L'Alpe se prête idéalement à ce dessein.

En ce 4 juillet, il fait tellement chaud entre Lausanne et l'Alpe, que le peloton musarde à en perdre quarante minutes.

Robic et Geminiani sont les premiers à partir à l'abordage de cette véritable course de côte. Derrière Corrieri, Lajoie, Pardoen et Spuhler perdent aussitôt le contact. Devant, sous les coups de boutoir de "la mésange de Radenac", Gem cède vite.

Une voiture reculant devant la pente renverse Bartali et Magni. Mais où sont donc les premiers secours Aspro ?

Fausto, qui a bien étudié le profil, passe soudain à l'offensive. Témoin de la manoeuvre, Jacques Goddet avoue avoir été sidéré par cet alliage de souplesse mécanique et de puissance inexorable. Le grand Fausto est de retour. Il mène un moment puis, à 6km du sommet, lâche Robic qui perd 25 mètres. Au bout de 3km , l'écart entre les deux hommes se stabilise à 50 secondes.

Quinze jours plus tard, le champion italien confia. "Je sus qu'il n'était plus là en n'entendant plus sa respiration ni le crissement de ses pneus sur le sol derrière moi. J'ai préféré ne pas me retourner."

Deux crans plus haut, Fausto, sublimé par les spectateurs déjà fort nombreux, a renoué avec son destin. Dans les trois derniers kilomètres, au prix d'un effort considérable, il ajoute 30 nouvelles secondes à sa marge. Sur la ligne d'arrivée, l'écart est d'une minute vingt entre les deux escaladeurs. Les bonifications accentuent leur marge sur Ockers, et Gelabert, pointés à 2 min. D'emblée, l'Alpe fait son oeuvre, taillant dans les forces vives du peloton. Le dernier, Jean Delahaye, le bien nommé, est 88è, à plus de trente minutes.

Quand la lanterne rouge passe à la douche, il y a bien longtemps que Fausto a renoué avec ce maillot jaune qu'il tenait tant à retrouver ici. Dans sa chambre, Jacques Goddet trousse sur sa machine à écrire la légende naissante de cette forteresse enlevée tambour battant par Coppi à plus de 18km654 à l'heure (les 14km en 45'22).

Classement de l'étape
1. Fausto Coppi (I) en 8h51'40"
2. Robic (Fr) à 1'20"
3. Ockers à 3'22"
4. Gelabert
5. Dotto à 3'27"
6. Carrea à 3'29"
7. Molineris à 4'00"
8. Nolten à 4'02"
9. Magni à 4'13"
10. Close à 4'15"
...88 classés

Classement général :
1. Fausto Coppi (I)
2. Carrea à 5"
3. Magni à 1'50"

Classement général final à Paris :
1. Fausto COPPI (Ita) 4827 km en 151h57'20"
2. Stan Ockers (Bel) à 28'17"
3. Bernardo Ruiz (Esp) à 34'38"
4. Gino Bartali (Ita) à 35'25"
5. Jean Robic (Fra) à 35'36"
6. Fiorenzo Magni (Ita) à 38'25"
7. Alex Close (Bel) à 38'32"
8. Jean Dotto (Fra) à 48'01"
9. Andrea Carrea (Ita) à 50'20"
10. Antonio Gelabert (Esp) à 58'16"

Apres Coppi, il faudra attendre 2001 et Lance Armstrong, pour voir le vainqueur de l'Alpe d'Huez remporter également le Tour.

Images :
- Voir l'album photo de l'année 1952

Sources :
- Le Tour (site officiel) - 1952
- Memoire du cyclisme

Voir aussi :
- Le Net du Cyclisme - Le Tour 1952

1976


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